Le chanvre de Hergicourt

Hergicourt, c'est ce petit coin bucolique de notre entité, proche du bois du Bacsay, à Barchon. Jusqu'il y a peu, chaque été, les promeneurs habitués des sentiers du Réveil y fendaient des forêts de plants de maïs et y longeait des parcelles de basses tiges de poiriers, avant de constater que celles-ci cédaient progressivement à la place à des plantations plus insolites, de chanvre et de tournesol.
Pourquoi cette étonnante mutation? Tout simplement parce que Michel Mordant, arboricuteur depuis trois décennies,a , opté pour une reconversion à la fois radicale et prometteuse, dans le contexte actuel de l'essor des circuits courts.
La ulture du chanvre était bien présente en Europe avant le seconde guerre mondiale. Elle alimentait une filièretextile (vêtements, cordages, etc.) Dans le cadre du Plan Marshall, les textiles synthétiques américains ont inondél'Europ de l'après-guerre: pour faire court, le nylon a supplanté le chanvre et l'a relégué aux oubliettes. Mais cette plante ancestrale, déjà connue des Egyptiens, s'offre une résurrection grâce à ses atouts nutritifs et son étonnante polyvalence , sans compter qu'elle se passe volontiers d'herbicide, de pesticide, de fongicide et autres produits chimiques. D'ici deux ans, Michel compte bien obtenir le label BIO, au terme d'un marathon dans les arcanes administratives.
Attention ! Que les âmes bien pensantes et les amateurs de trip s’abstiennent de toute confusion ! Le chanvre que cultive Michel, s’il est « cousin » du cannabis et lui ressemble comme deux gouttes d’eau, ne contient pas de THC, aux effets psychotropes. Par contre, ses atouts sont multiples : une fois la moissonneuse-batteuse en action, les graines doivent être séchées sans délai. S’ouvrent alors deux filières d’exploitation : soit les graines, exemptes de gluten, sont décortiquées et peuvent être mangées à froid (éventuellement grillées ou enrobées de chocolat), soit elles sont pressées pour en extraire l’huile de chanvre, utilisée dans les préparations froides, aux propriétés nutritives indéniables (elle contient des omega 3 et des omega 6 et contribue à faire baisser le taux de cholestérol). Cette même huile de chanvre connaît une autre utilisation en dermatologie, pour le traitement des maladies de la peau telles que l’eczéma et le psoriasis.
Quant au résidu de l’extraction de l’huile, il donne de la farine de chanvre qui contient jusqu’à 40 % de protéines. Pour couronner le tout, après le passage de la moissonneuse-batteuse, les tiges de plantes, qu’on laisse rouir quelque temps, sont déchiquetées et rassemblées en bottes d’une paille riche en sels minéraux, au pH neutre, qui peut servir utilement de couvre-sol dans les parterres et les potagers.
Une plante, visiblement, à découvrir au plus vite !!
La moisson a eu lieu à la mi-septembre et les produits dérivés (graines, huile, farine, paille) seront en vente dès la mi-octobre dans différents lieux, dont la Ferme de la Waide, la Ferme de Gérard Sart, la Ferme du Vieux Bure, la Petite Fournée, Vrac and Go, l’Epicerie de Housse…
Vous me direz : mais que vient faire le tournesol dans cette aventure ? Il est en fait le compagnon d’assolement du chanvre (il faut assurer une rotation dans les cultures), un compagnon aux vertus diététiques bien connues… Que dire des vertus esthétiques !
Michel Mordant a donc apporté sa pierre à l’édifice des circuits courts, au terme d’une reconversion intelligente, qui s’inscrit bien dans l’air du temps et répond aux nécessités du moment.
Pourquoi ne pas conclure sur une note humoristique et publicitaire à la fois ?
Michel d’Hergicourt, jamais pris de court, s’est recyclé dans le circuit court et vous propose à la vente des produits dérivés de plantes bienfaisantes !
Le chanvre d’Hergicourt